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Désignation générale : 

pendentif

"Pendentif de Catherine de Médicis"

Création / Exécution : 

François Dujardin
France, Ile-de-France, Paris (lieu de création)
1571 (date de fin d'exécution)

Matières et techniques : 

émeraude (taille en intaille)

or (technique métal, émaillé)

Mesures : 

H. 5,5 cm, l. 4 cm, E. 1,4 cm, Poids 52,35 g

Description : 

Émeraude taillée en cabochon rectangulaire poli, montée dans un serti clos, surmontée d’une autre émeraude, plus petite, en triangle, flanquée de deux diamants taillés en table auxquels s'accole un petit diamant carré, également en table. L'ensemble est surmonté d’un masque de femme à aigrette. Deux putti présentent l’émeraude comme un tableau, qui repose sur deux mains jointes, motif dit de la foi. La monture en or porte un riche décor d'émail aux couleurs vives et variées, tantôt opaques (blanc, bleu lavande, vert tendre, turquoise et noir), tantôt translucides (bleu vif, rouge, vert émeraude), bon exemple de la virtuosité du travail de l'émail dans les ateliers d'orfèvres parisiens du milieu du 16e siècle.

Le style des putti qui flanquent la gemme et des cuirs découpés se rapproche des œuvres de l’orfèvre Etienne Delaune (1518-1583) et d’Olivier Codoré, « tailleur et graveur de pierres précieuses ».

Le revers est entièrement recouvert d'un décor émaillé cloisonné à losanges noirs encadrés d'un filet blanc, dont le centre est formé de fleurs stylisées et d'étoiles émaillées de bleu, rouge, jaune et mauve, ainsi que de ronds verts. De petites palmes ciselées en or parsèment le fond noir. Un anneau de suspension en bas devait porter une perle. Aucune bélière n'est visible, seuls subsistent deux petits crochets latéraux pouvant servir à coudre le bijou sur un chapeau ou à le suspendre à une chaîne.

Commentaire :
En 1966, Yvonne Hackenbrock a relié ce bijou à une lettre datée du 16 novembre 1571, écrite par Catherine de Médicis (département des manuscrits, ms fr. 894, fol. 75), dans laquelle la reine commande à François Dujardin, « orfèvre de la reine » depuis 1569, nommé « orfèvre et lapidaire du roi » en 1570, en lui demandant le plus grand secret, la monture d'une émeraude qu’elle désire offrir à Noël 1571 probablement à son fils, le roi Charles IX.
« L’émeraude est pierre fragile qui se casse aisément et il y a deux mains qui signifient une foi qui enserrent l’émeraude, et il faut un mot qui dise que la foi et l’amitié que désire celle qui donne cette bague ne sont comme la pierre, mais comme les deux mains qui sont inséparables et la couleur de quoi est émaillée la bague qui est jaune qui est perdurable sans s’effacer….Du Jardin…pour ce que je désire bien qu’il n’y ait aucune faute que je puisse avoir à Noël ce que je vous ai baillé par mémoire écrit de ma main, je vous prie de faire diligence d’y besogner, et me mandez…le tout pour la fête de Noël, priant Dieu, Du Jardin, vous tenir en sa sainte garde. Ecrit à Duretal le XVIe jour de Nov.bre 1571. »
Le mot "bague" désigne alors aussi bien un collier qu'un pendentif, tous les joyaux, montés ou non que l'on peut transporter avec soi. Le terme désignant une bague est annel ou anneau.
Aucun poinçon n'apparaît sur le bijou ce qui peut s'expliquer par le fait qu'il est recouvert d'émail et par une commande royale.
La carrière de Dujardin, débutée chez l'orfèvre Pierre Mangot à Tours, a été retracée par Yvonne Hackenbroch et Michèle Bimbenet-Privat (1992, p.468-469). Venu à Paris, Dujardin travaille pour Marie Stuart, Henri II, Jeanne d'Albret et Catherine de Médicis qui lui accorde une grande confiance, le chargeant de l'entretien du trésor royal et des joyaux de la Couronne.

Bien que la concordance avec cette commande de la reine ne soit pas parfaite (en particulier l'absence d'émail jaune), la rareté d'un tel bijou, une grande émeraude montée, son style et sa provenance incitent à donner foi à cette hypothèse.

L’émeraude, de dimensions exceptionnelles, a longtemps considérée comme originaire de Colombie, dont les mines sont exploitées par les Aztèques dès le 13e siècle puis par les Espagnols dès le milieu du 16e siècle. Mais les analyses des éléments traces de l'émeraude menées en 2024 par Gérard Panczer de l'Université Lyon II infirment cette hypothèse.

Lors de la Révolution, l'émeraude est envoyée à la Monnaie de Paris, avec les objets précieux destinés à être fondus et vendus, mais est sélectionnée pour le Cabinet des antiques (cf. Archives des MMA : 5 ACM Procès verbal des objets envoyés par la Monnaie le 1er Nivose an 5 (21 décembre 1796) article 42 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10466043p/f10.item)

Mode d'acquisition : 
Donateur(s), testateur(s) ou vendeur(s) : 
Date de l'acte d'acquisition : 
19/12/1796
Ancienne(s) appartenance(s) : 
Numéro d'inventaire : 
Inv.56.336

Autre(s) numéro(s) : 
Chabouillet.2723

Bibliographie : 

Wilson-Chevalier, Kathleen. « Patronnes et mécènes au cœur de la Renaissance française », Le Moyen Age , (Tome CXVII). p.577-602 (p.593).

Scordia, Lydwine. « Le bijou d’émeraude Renaissance du Cabinet des Médailles », in Joëlle Quaghebeur (dir.), Le pouvoir et la foi au Moyen Âge, en hommage à Hubert Guillotel. Rennes : 2010, p. 545-557.

Bimbenet-Privat, Michèle. "Catherine de Médicis et ses orfèvres : autorité, précision, exigence" dans Patronnes et mécènes en France à la Renaissance. Saint-Etienne : 2007, p.545-556.

Bimbenet-Privat, Michèle. L’orfèvrerie parisienne de la Renaissance. Trésors dispersés. Paris : 1995, pp. 120-121.

Bimbenet-Privat, Michèle. Les orfèvres parisiens de la Renaissance 1506-1620. Paris : 1992, pp. 202-203.

Princely magnificence: cort jewels of the Renaissance. Debrett's Peerage, pp. 4; 56.

Hackenbroch, Yvonne. Renaissance Jewellery. Londres : 1979, pp. 94-95.

Hackenbroch, Yvonne. Connoisseur. Septembre, 1966, pp. 28-35.

Babelon, Ernest. La gravure en pierres fines, camées et intailles. Paris : 1894, pp. 272-274.



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