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© Serge Oboukhoff ; © BnF-CNRS-Maison Archéologie & Ethnologie, René-Ginouvès
© Serge Oboukhoff ; © BnF-CNRS-Maison Archéologie & Ethnologie, René-Ginouvès
© Serge Oboukhoff ; © BnF-CNRS-Maison Archéologie & Ethnologie, René-Ginouvès
© Serge Oboukhoff ; © BnF-CNRS-Maison Archéologie & Ethnologie, René-Ginouvès
Désignation générale : 

canthare

Coupe des Ptolémées

Création / Exécution : 

Afrique du nord, Egypte, Basse-Egypte, Alexandrie (lieu de création)
Italie, Latium, Rome (lieu de création)
entre 50 av JC et 50

Epoque/Style/Mouvement : 

époque hellénistique

Matières et techniques : 

sardonyx (taille en camée)

Mesures : 

H. 13 cm, l. 18,4 cm, D. 13,6 cm

Description : 

Vase monolithe taillé dans une géode de sardonyx. La coupe, ronde et épaisse, est pourvue de deux anses et repose sur un pied bas. Cette coupe est l’un des deux plus beaux vases-camées subsistants. Son sujet, les préparatifs d’une cérémonie dionysiaque, en l’honneur de Dionysos/Bacchus, le dieu du vin et du théâtre, s’accorde à sa fonction de coupe à vin lors des banquets.
Les anses, qui reprennent des formes existant dans l'orfèvrerie, sont évidées dans la masse avec une virtuosité rare. Elles sont formées de tiges doubles ornées de feuilles de vigne et de grappes de raisin gravées à la pointe, et terminées en haut par des fleurs de pavot sculptées, plantes susceptibles de procurer, par la transformation en vin et opium, une ivresse mystique, recherchée dans les cérémonies initiatiques des cultes à mystères pratiqués en l’honneur de Dionysos.

face A :
Au centre, une table carrée dont les pieds ont la forme de sphinx assis. Sur la table, une ciste, ornée d'une guirlande et munie de son couvercle conique, des canthares pour boire le vin, de formes variées, une oenochoé (vase pour verser le vin), un thymiatérion (brûle-parfums) et un hermès de Priape barbu et vêtu d'une nébride. Au pied de la table, un masque de Pan, barbu et cornu, un bouc couché, un masque imberbe et la ciste mystique, corbeille d’osier qui renfermait les hiera, les objets secrets du rite, dévoilés aux seuls initiés.
Dans le champ, à gauche, deux autres masques bachiques, l'un placé sur un cippe recouvert d'une peau de panthère, l'autre posé à terre et lauré. Dans le champ, à droite, une panthère qui s’abreuve du vin d’un canthare renversé et un serpent s’échappant d’une ciste d’osier. La panthère évoque la conquête de l’Inde par Dionysos, la ciste est le symbole des cultes à mystères dionysiaques, cérémonies secrètes et nocturnes. Un serpent vivant, symbole du dieu, y était gardé à demeure. La coupe fait référence à ce culte secret du dieu, réservé à des initiés.

Entre deux arbres est tendu un velum, qui abrite la table et détermine l’espace pour la cérémonie. Aux arbres s’entremêle du lierre, plante dionysiaque par excellence car toujours verte, symbole de résurrection de ce dieu de la végétation, qui en est souvent couronné. Les baies de lierre, toxiques, entraient dans la fabrication d'une bière que consommaient les Ménades, suivantes du dieu, et qui contribuait à leur transe. Comme la plupart des cultes à mystères, ceux de Dionysos se déroulent en plein air ou dans des grottes, souvent de nuit.
Aux rameaux des arbres sont suspendus deux masques bachiques imberbes. Deux oiseaux, agitant leurs ailes, sont perchés sur les branches.

face B :
Au centre, une table carrée dont les pieds ont la forme de piliers cannelés terminés par des griffes. Sur la table, une statuette de Déméter tenant dans chaque main une torche allumée, un rhyton qui a la forme d'un Silène portant une outre sur son épaule, des canthares et d'autres vases. La table a une étagère inférieure sur laquelle on voit une coupe cannelée et deux griffons face à face, posant symétriquement une patte sur un canthare. Au pied de la table, un thyrse et un masque, le front ceint d'une torsade. Dans le champ à gauche, le pedum et la besace de Silène, deux torches renversées et un bouc grimpant à un arbre. Dans le champ à droite, un grand masque de Silène barbu, couronné de pampres et posé sur une outre gonflée.
La scène est encadrée par deux arbres énormes au tronc noueux, autour desquels sont enlacés des ceps de vigne chargés de raisins. Aux branches des arbres sont suspendus quatre masques bachiques, dont deux ont des cornes de bouc, deux sont couronnés de pampres. Suspendus au tronc ou aux rameaux, une peau de panthère, un tympanon, des tintinnabula, une syrinx et une guirlande tressée. Un grand voile s'étend d'un arbre à l'autre.

Histoire :
La première mention de la coupe dans les inventaires du trésor de Saint Denis ne remonte qu’à 1505. Elle est estimée 6000 écus, c'est l'objet le plus cher du trésor.
Le calice y était cependant depuis le Moyen-Age puisqu’il reçut une monture d’orfèvrerie ornée de pierres précieuses, rubis, saphirs, émeraudes et grenats, et de perles, fondue en 1804 lors d'un vol mais connue par des gravures de Tristan de Saint-Amant (1644), de Félibien (1706) et de Montfaucon (1719). Le haut pied conique est datable de l'époque carolingienne tandis que la bordure inférieure surmontée d'une inscription est probablement un rajout du 12e siècle, sous l'abbatiat de Suger. L'inscription : "HOC VAS XPE TIBI MENTE DICAVIT/ TERTIUS IN FRANCOS REGMINE KAR[o]LUS" : "ô Christ, Charles, troisième de ce nom sur le trône des Francs t’a consacré ce vase " désigne Charles le Chauve (823-877), grand donateur de l’abbaye de Saint Denis.

La coupe servait, malgré son décor païen, lors de la cérémonie du sacre des reines de France qui, à partir du 15e siècle, se tint à l’abbaye de Saint-Denis.
Au début du 17e siècle, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), érudit aixois, fit faire un dessin de la coupe -sans son pied- dans le trésor de Saint-Denis. Dans des notes conservées au département des Manuscrits (NAF 9544), il décrit le « canthare de Bacchus en agate orientale qui sert à l’ablution de la reine à son sacre, après la communion » (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100900081/f77.item), canthare qu’on croit « avoir été porté d’Egypte par Saint Louis »
A partir du 17e siècle le canthare est appelé « coupe des Ptolémées », en référence aux processions triomphales organisées pour Ptolémée II (309-246 av. J.-C.) à Alexandrie, au cours desquelles défilèrent des chars emplis de vases précieux, bien qu’elle soit plus tardive. Cette interprétation est due à Tristan de Saint-Amant, numismate érudit, un des correspondants de Peiresc, qui publie la coupe en 1644 dans ses Commentaires historiques.

Transférée durant la Révolution au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale, la coupe perd sa monture orfévrée lors d’un vol en 1804. Une nouvelle monture en bronze doré est alors commandée à l'orfèvre Pierre-Maximilien Delafontaine, qui s'inspire de motifs de pierres gravées dont le taureau de Hyllos du Cabinet des Médailles (http://medaillesetantiques.bnf.fr/ark:/12148/c33gb1f3vg)

Marques et inscriptions : 

sur pied
Latin
Reproduction : HOC VAS XPE Christe TIBI MENTE DICAVIT/ TERTIUS IN FRANCOS REGMINE KAR[o]LUS
inscription sur le pied d’orfèvrerie disparu au début du 19e siècle

Mode d'acquisition : 
Donateur(s), testateur(s) ou vendeur(s) : 
Date de l'acte d'acquisition : 
30/09/1791
Ancienne(s) appartenance(s) : 
Numéro d'inventaire : 
camée.368

Autre(s) numéro(s) : 
Chabouillet.279

Bibliographie : 

Bohémier, Marie-Hélène. L’eau et le sang, le païen et le chrétien : la Coupe des Ptolémées et la Patène de serpentine du trésor de Saint-Denis. 2017

Lapatin, Kenneth. The Berthouville Silver Treasure and Roman Luxury [cat.exp.]. Los-Angeles : 2014, p.138, fig.87; p.140; p.158.

LIMC VIII. 1997, Priapos (S), p.1033, n°57°.

Trésors de la Bibliothèque nationale de France, Mémoires et merveilles VIIIe-XVIIIe siècle. Paris : 1996, p.25, p.55, n°7 (M. Avisseau-Broustet).

Le trésor de Saint-Denis [cat.exp.]. Paris : RMN, 1991, 83-87, n°11 D. Gaborit-Chopin.

Alcouffe, Daniel. Le trésor de Saint-Marc de Venise. Paris : 1984, p.129-135.

Bühler, Hans-Peter. Antike Gefässe aus Edelsteinen. Mayence : 1973, p.45-47, n°18.

Babelon, Ernest. Catalogue des camées antiques et modernes de la Bibliothèque nationale. 1897, 201-208, n°368.

Montfaucon, B.. L'antiquité expliquée et représentée en figures. Paris : entre 1719 et 1724, I,2, p.256-259, pl. CLXVII (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1146160/f115.item).

Félibien, Michel. Histoire de l'abbaye royale de Saint-Denys en France. Paris : 1706, pl.VI (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15130225/f603.item).

Tristan de Saint-Amant, Jean. Commentaires historiques contenans l'histoire générale des empereurs, impératrices, caesars et tyrans de l'Empire romain. Paris : 1644, II, p.603-648.

Nicolas-Claude Fabri de Peiresc. Dessins du Cabinet de Peiresc. Recueil factice. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b104611474/f123.item.

Babelon, Ernest. La gravure en pierres fines, camées et intailles. Paris : 1894

Montesquiou-Fezensac, Blaise de., Gaborit-Chopin. Le Trésor de Saint-Denis. Paris : Picard, 1977



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