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© Serge Oboukhoff ; © BnF-CNRS-MSH Mondes
© Serge Oboukhoff ; © BnF-CNRS-MSH Mondes
© Base Daguerre ; © BnF
Désignation générale : 

camée

“Grand Camée de France”
“Gemma Tiberiana”
“Apothéose d’Auguste” “Camée de la sainte Chapelle”, “Grand Camée”

"Grand Camée de France"

Création / Exécution : 

camée :
Italie, Latium, Rome (lieu de camée)
1er quart 1er siècle

monture :
France, Ile-de-France, Paris (lieu de monture)
1ère moitié 19e siècle

Epoque/Style/Mouvement : 

romain impérial

Matières et techniques : 

sardonyx (à cinq couches, taille en camée, camée)

cuivre (dorure à la feuille (technique métal), monture)

Mesures : 

H. 31 cm, l. 26,5 cm

Description : 

Camée gravé de vingt-quatre figures, réparties sur trois registres.

registre supérieur :
Les morts héroïsés dans l'Olympe: au centre, Auguste, le fondateur de la dynastie, divinisé, coiffé de la couronne radiée, entouré par Drusus II à gauche et par Germanicus s’envolant, monté sur Pégase, dont un petit Amour tient la bride, rappelant l'origine divine de la dynastie julio-claudienne, descendante d'Enée, fils mortel de la déesse Aphrodite-Venus. Un personnage apporte le globe du pouvoir ; il peut s’agir d’Énée ou de la personnification de l’Éternité de Rome.

registre médian :
Le monde des vivants: les descendants et héritiers potentiels d’Auguste. L’empereur Tibère (14-34 ap. J.-C.), au profil caractéristique, est au centre, accompagné de sa mère, Livie. Devant lui se présente un jeune prince, en tenue militaire, portant un bouclier.
De multiples interprétations ont été proposées de 1620, date de sa redécouverte dans le Trésor de la Sainte Chapelle par l'érudit provençal Claude Nicolas Fabri de Peiresc, à nos jours. La clé de la lecture réside dans l'identification du personnage central, debout devant l'empereur : soit il s'agit de Germanicus triomphant, de retour des campagnes de Germanie (15-16), avant son départ pour l'Orient où il mourra en 19 (lecture donnée au 17e siècle), soit de son fils aîné, Nero Drusus, le visage ombré du duvet léger des adolescents. Le camée célèbrerait alors la désignation de ce jeune prince comme héritier de Tibère, en 23. Le petit enfant chaussé de bottines serait alors le plus jeune fils de Germanicus, Caligula, qui succédera à Tibère en 37, après la disparition prématurée des autres prétendants au trône.

registre inférieur :
Les captifs barbares, Parthes au bonnet phrygien et Germains aux cheveux longs.

L’identification de certains personnages reste controversée, mais les visées politiques de cette œuvre de commande sont claires : il s’agit d’affirmer la continuité et la légitimité de la première dynastie de l’Empire romain, celle des « julio-claudiens ».

Ce camée, le plus grand que l'Antiquité nous ait légué, a suivi le centre du pouvoir de Rome à Constantinople, où il a été serti dans une monture byzantine en bois recouverte d'argent doré, à décor émaillé, qui n'a jamais été représentée (voir catalogue du Trésor de la Sainte Chapelle, 2001). En 1247, il fait probablement partie de l’envoi de reliques par Baudoin II à Saint Louis, et est cité dans le premier inventaire de la Sainte Chapelle, avant 1279.
Mis en gage en 1343 par Philippe VI auprès du pape Clément VI, il est restitué par Charles V en 1379 à la Sainte Chapelle et complété à cette occasion d’un support en argent doré inscrit avec les figures des douze apôtres.
En 1620 le savant aixois Claude Fabri de Peiresc, dans une lettre à Jérôme Aléandre, écrit avoir découvert "dans un lieu curieux et qu’on ouvre rarement une pierre précieuse antique, la plus grande et la plus belle que j’ai jamais vue" et en donne la première description et interprétation comme l’Apothéose d’Auguste. Le camée, sans sa monture, est dessiné en 1621 et peint en 1625-1626 par Rubens, lors de sa venue à Paris pour décorer la galerie du Luxembourg (Le dessin, préparatoire aux gravures, est conservé à Anvers, Museum Plantin-Moretus, Prentenkabinet, PK.OT.00109). La peinture, qu'il avait offerte à Peiresc, en grisaille sur toile - pour faire pendant à celle de la Gemma Augustea par Nicolo dell’Abbate - a été acquise en 1989 par l’ Ashmolean Museum (cf Gazette des Beaux-Arts, oct.1992, p. 127-136, article de Shaw Smith, "Rubens and the Grand Camée de France").
Selon Cointreau (1800) et Fauris de Saint-Vincens (1819), la pierre a été cassée lors d'un incendie à la Sainte Chapelle, qui eut lieu en 1630.
La première publication du camée a été écrite en 1635 par Jean Tristan de Saint-Amand, ami de Peiresc (Commentaires historiques, I, p. 81 sq) .
Au moment de la Révolution, le camée est déposé sur ordre de Louis XVI au cabinet des Médailles, le 1er mai 1791. Volé dans la nuit du 16 au 17 février 1804, il est retrouvé à Amsterdam, privé de sa monture, fondue et restitué au cabinet des Médailles en février 1805. Une nouvelle monture en bronze doré est exécutée par Pierre-Maximilien Delafontaine en 1807. Cette monture, sans doute passée de mode, est séparée du Grand Camée en 1832. En 1835, Raoul-Rochette commande à Rondel, restaurateur d’antiquités, une monture en cuivre doré (monture actuelle). En 1913, le camée est remis dans la monture de Delafontaine, puis en est à nouveau séparé dans la seconde moitié du 20e siècle.

Mode d'acquisition : 
Date de l'acte d'acquisition : 
01/05/1791
Ancienne(s) appartenance(s) : 
Numéro d'inventaire : 
Camée.264

Autre(s) numéro(s) : 
Chabouillet.188

Bibliographie : 

Perse, Marcell, Schmidt, Gerhard. Politik in Edelstein. Das Geheimnis römischer Prunkkameen. 2019, 44-47, 62-69.

Prioux, Evelyne., Cojannot-Le Blanc, Marianne. Rubens, des camées antiques à la galerie Médicis. Paris : 2018

Pointon, Marcia. "The importance of gems in the work of Peter Paul Rubens, 1577-1640", in Engraved gems from antiquity to the present. Leyde : 2017, p.99-111 : Representing the Gemma Tiberiana, p107-108, fig.7; 1er dessin fait à Paris en 1622; peinture commandée par Peiresc en 1625 et envoyée en 1626.

Sabino, Rachel. Roman Art at the Art Institute of Chicago: Cat. 138 Cameo Portraying Emperor Claudius as Jupiter. 2016

Fernandez, Catherine. Kingship and the materiality of Cameos : the afterlife of the Grand Camée in Capetian Paris. 2012, p.15-21.

Zwierlein-Diehl, Erika. Antike Gemmen und ihr Nachleben. de Gruyter, 2007, p.160-166, pl 134, fig 633, pl 186, fig 830.

Giuliani, Luca. "Leggere un'immagine. Il Grand Camée de France e la successione di Tiberio", Storicamente, 2. 2006, pp. 1-28.

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Giard, Jean-Baptiste. Le Grand Camée de France. Paris : Bibliothèque nationale de France, 1998

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Trésors de la Bibliothèque nationale de France, Mémoires et merveilles VIIIe-XVIIIe siècle. Paris : 1996, p24-25, fig.3, p.82, n°25.

LIMC VII. 1994, Pegasos, p.221, n°92a, Providentia, p.564, n°13, Sibyllae, p.756, n°24*.

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1789. Le patrimoine libéré [cat.exp.]. Bibliothèque nationale de France, 1989, p.142-144, n°83 (I. Aghion).

LIMC IV. 1988, Demeter/Ceres (#), p.905, n°174*.

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Van der Meulen, Marjon. Petrus Paulus Rubens antiquarius : collector and copyist of antique gems. 1975, pp. 142-146.

Babelon, Ernest. Catalogue des camées antiques et modernes de la Bibliothèque nationale. 1897, pp.120-137, n°264.

LIMC-France. LIMCicon ID 16140 (G. Aires, A.-V. Szabados) URL [http://www.limc-france.fr/objet/16140].

Plantzos, D.. "Medius liquidis astris : Capricorn, Aquarius and Pisces on Graeco-Roman amulets", Jewellery Studies 8. 1998, p.43-44 (personnage volant au bonnet phrygien identifié au Verseau; le globe qu'il porte serait l'étoile de Saturne, proche de la constellation de Pégase).

Borbein, Adolf H., Hofter, Mathias René. Geschichte der Kunst des Alterthums, Katalog der antiken Denkmäler. 2006, p. 483 sq., no. 1155.

Tristan de Saint-Amant, Jean. Commentaires historiques contenans l'histoire générale des empereurs, impératrices, caesars et tyrans de l'Empire romain. Paris : 1644



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