médaillier
Médaillier Pellerin
"Médaillier en marqueterie Boulle"
Nicolas Sageot (ébéniste)
France, Ile-de-France, Paris (lieu de création)
avant 1720
style Louis XIV
marqueterie
écaille de tortue
cuivre
bronze doré
H. 228 cm, l. 133 cm, L. 56 cm
Large armoire à deux ventaux. Le corps repose sur un socle dont les trois pieds sculptés en forme de chapiteaux sont recouverts de bronze doré. Une corniche moulurée de bois sombre surmonte le médaillier. Le meuble est construit à partir de panneaux de laque couleur corail, probablement d'importation, sur lesquels sont collées des appliques de pierre de lard (pierre tendre aux nuances variées allant de l’ivoire au brun), importées de Chine et qui composent des scènes historiées. La composition symétrique s'accorde au goût occidental. Ces panneaux sont inclus dans un bâti en bois encadré de bandeaux de marqueterie Boulle. Cette technique associe des plaques d’écaille de tortue appliquées sur un fond de bois peint en vermillon, à des éléments de cuivre découpés et gravés. Des frises de marqueterie Boulle ornent également le socle et la corniche. Les rinceaux de feuillages sont peuplés d'oiseaux aux ailes déployées, de masques féminins et de figures de grotesques; ceux de la corniche comprennent des fleurs de lis finement dessinées. Des bronzes dorés enrichissent l’ensemble du décor.
L’intérieur des portes est orné de laques dorés de style japonais (technique du takamaki-e, laques en relief colorées par des poudres métalliques, notamment d'or et d'argent), appliqués sur des panneaux de loupe de noyer, sur une base d'argile polie, qui représentent des rapaces dans un décor de feuillages et de fleurs. Les panneaux, à l'origine d'un format oblong en hauteur (provenant d'un paravent?), ont été coupés en deux et disposés en quatre plaques encadrées de filets de marqueterie.
Il s'agissait à l'origine d'une armoire, dont l'intérieur laqué rouge comportait 4 étagères. L'ajout d'un caisson amovible à trois colonnes de tiroirs l'a transformée en médaillier à 99 tiroirs vraisemblablement sur ordre de Joseph Pellerin, afin d'y installer une partie des monnaies grecques de sa collection (plus de 32 000). En 1776, le collectionneur cède au Roi sa collection de monnaies, avec l’intérieur de ses deux médailliers. Le corps de l’armoire est conservé par Pellerin jusqu’à sa mort en 1782. Cette armoire, ainsi que la seconde de la collection Pellerin (inv.55.701) est vendue en 1784 au Roi au prix de deux mille livres.
Thibaut Wolvesperges a retrouvé la trace de ce meuble dans le livre-journal du marchand joaillier Carelu, rue Quincampoix, qui dit avoir acheté "une belle armoire de marqueterie en pierre de lard verny en dedans avec des oyseaux, garni de bronze en couleur verny de 7 pieds de haut sur 4 pieds de large, 1500 livres", armoire toujours présente dans son inventaire en avril 1742. Il rapproche cette armoire monumentale de celles faites par l'ébéniste Nicolas Sageot (1666-1731, maître en 1706), à décor de marqueterie métallique sur fond d'écaille, à la manière de Boulle.
Moulinoux, Emilie. Un meuble de collectionneur : le médaillier français aux XVIIe et XVIIIe siècles (thèse soutenue en 2012). p. 69-73.
Hirsch, Martin., Schweizer, Anton. Japanische Lackkunst für Bayerns Fürsten : die japanische Lackmöbel der Staatlichen Münzsammlung München. Munich : 2011, p.53-54, fig.6 et 7.
Wolvesperges, Thibaut. Le mobilier parisien en laque au XVIIIe siècle. Paris : 2000, p.143; annexes, p. 32-33.
Trafic d’influences. Meubles de laque et goût extrême-oriental aux XVIIe et XVIIIe siècles. Paris : Bibliothèque nationale, 1989
