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© Serge Oboukhoff ; © BnF
© Serge Oboukhoff ; © BnF-CNRS-Maison Archéologie & Ethnologie, René-Ginouvès
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© Serge Oboukhoff ; © BnF
© Serge Oboukhoff ; © BnF
Désignation générale : 

intaille

"Achille citharède"

Création / Exécution : 

Pamphilos
entre 2e quart 1er siècle av JC et 3e quart 1er siècle av JC

Matières et techniques : 

améthyste (taille en intaille)

Mesures : 

H. 1,6 cm, l. 1,3 cm

Description : 

L'intaille est taillée dans une améthyste très limpide, à face légèrement convexe et bords biseautés. Elle illustre un épisode de la guerre de Troie : Achille, irrité contre Agamemnon qui lui a ravi sa captive Briséis, refuse de continuer le combat contre les Troyens. Le graveur s’est inspiré de la description d’Homère : « Avec avec sa lyre, il charmait son cœur et chantait les exploits des héros . » (Iliade, IX, 186-189) : Achille est assis, nu, sur un rocher, le casque, l’épée et le bouclier à ses côtés et joue de la lyre, la tête tournée de trois-quarts, regardant le spectateur. Sur le bouclier sont sculptées une tête de Méduse et des courses de chars.
La pose, une jambe étendue, l’autre ramenée en arrière, le torse légèrement incliné en arrière ainsi que l’accentuation de la musculature rappellent la célèbre statue de Lysippe, l’Héraclès Epitrapezios, mais ici le rocher est recouvert du manteau qui retombe en plis souple. La chevelure du jeune héros, aux mèches souples rejetées en arrière, se relève sur le front, rappelant l’« anastolé » des portraits d’Alexandre le Grand. La virtuosité de la gravure paraît extraordinaire si l’on songe à la dureté de la gemme et à sa petitesse : sur le bouclier, d’environ 5 mm de haut, est ainsi représentée une course de chars entourant une tête de Méduse. La signature, aux hautes lettres aux extrémités bouletées, nous livre le nom de l’artiste, Pamphilos, également graveur d’une autre améthyste, ornée d’une très belle tête de Méduse pensive, conservée au Cabinet des médailles . L’inscription, rétrograde, se lit à l’endroit sur l’empreinte, attestant que la pierre était utilisée comme sceau. Sceller ses biens et ses courriers avec l’image d’un des héros les plus valeureux ne pouvait être que valorisant pour le propriétaire et commanditaire de la gemme.
Sur les milliers de pierres gravées durant l’antiquité, bien peu sont signées, mais celles-ci sont des chefs-d’œuvre de maîtres, conscients de la valeur de leur travail. Le 1er siècle av. J-C., qui voit renaître un vif engouement pour la glyptique, ainsi que le rapporte Pline, a en particulier livré une quinzaine de noms d’artistes célèbres, dont un seul, Dioscouride, est cité par les textes. Intailles et camées pouvaient atteindre des prix extrêmement élevés et étaient avidement recherchés. De telles gemmes, qui ne peuvent bien se voir qu’au creux de la main, faisaient la délectation de collectionneurs avertis, sensibles à la richesse de la symbolique et des détails, au raffinement de la gravure et à la beauté de la pierre.
Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, rapporte la passion que vouaient les Romains aux gemmes gravées, prenant exemple sur les dynastes hellénistiques. A côté des collections privées, les trésors de temples en regorgeaient. Au 1er siècle av. J.-C., lorsque fut gravée cette petite intaille, à la suite de Pompée qui avait déposé les pierres précieuses pillées dans le trésor de Mithridate dans le temple du Capitole, César consacra six dactyliothèques, « collections de bagues » dans le temple de Vénus Génitrix, et Marcellus, neveu et héritier d’Auguste, une dans le temple d'Apollon Palatin.
Le style empreint du pathétisme hellénistique, la qualité de la gravure, dont l’empreinte révèle la profondeur et la vigueur du modelé, incitent à dater cette œuvre de la première moitié du 1er siècle av. J.-C. Le nom de l’artiste indique son origine grecque, sans que l’on puisse savoir si sa carrière s’est déroulée à Rome ou à la cour d’un dynaste hellénistique.

L'intaille provient de la collection de Remigius Faesch (1595-1667), professeur de droit à Bâle et grand collectionneur de peintures, dessins, objets d'art et monnaies antiques et modernes, à l'origine du musée Faesch à Bâle, dont les collections, données à la ville en 1823, sont réparties aujourd'hui dans plusieurs musées de la ville. Elle a été offerte à Louis XIV par Remigius Faesch ou par un membre de sa famille.

Marques et inscriptions : 

Reproduction : ΠΑΜΦΙΛΟΥ

Mode d'acquisition : 
Donateur(s), testateur(s) ou vendeur(s) : 
Date de l'acte d'acquisition : 
1680 (?)
Numéro d'inventaire : 
inv.58.1815

Bibliographie : 

Lapatin, Kenneth. The Berthouville Silver Treasure and Roman Luxury [cat.exp.]. Los-Angeles : 2014, p.133, fig.81; p.150-151.

Aghion, Irène. Caylus, mécène du roi. Collectionner les antiquités au XVIIIè siècle. [cat.exp.]. Paris : 2002, n°21, p.50, 129.

LIMC I. 1981, p.197, Achilleus, n°915*.

Mariette, Pierre-Jean. Traité des Pierres gravées. Paris : 1750, t. II, n°XCII.

Stosch, Philipp von. "Gemmae antiquae caelatae"... - Pierres antiques gravées sur lesquelles les graveurs ont mis leurs noms, dessinées et gravées en cuivre sur les originaux ou d'après les empreintes par Bernard Picart, tirées des principaux cabinets de l'Europe. Amsterdam : 1724, n°67.



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