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Désignation générale : 

Tabula Veronensis I

"Table iliaque : scènes tirées des chants de Chypre et de l’Iliade"

Création / Exécution : 

Théodoros
1er quart 1er siècle

Lieu de découverte : 
Précisions sur la découverte : 
Découverte : probablement découvert aux environs de Rome ou à Rome même, avant 1724
Pays : Italie

Matières et techniques : 

marbre (bas relief)

Mesures : 

H. 10 cm, l. 10 cm
Epaisseur : 1 à 2,15c

Description : 

Fragment de l'angle supérieur gauche d'une tablette iliaque; le verso porte une inscription inscrite dans un diagramme. Les dimensions présumées de la tablette complète sont d’environ 24cm de hauteur par 26cm de largeur.
Droit : description des 5 frises de haut en bas; les personnages sont identifiés par leur nom.
1. Diomède et Achille assis / la requête de Chrysèis, agenouillée aux pieds d'Agamemnon
2. l’assemblée des chefs, Nestor et Agamemnon assis face à face et personnage indistinct / le châtiment de Thersite par Ulysse / la mise à l’eau des vaisseaux
3. Agamemnon et Priam debout devant un autel/ la ville de Troie, représentée par une tour et une porte/ Aphrodite accourt à l'aide de Pâris, attaqué par Ménélas.
4. inscription : "la rupture des serments". Athéna accourt à l'aide de Pandaros qui s'apprête à lancer une flèche contre un guerrier, bouclier levé et lance brandie / Ménélas, blessé à la jambe, est soigné par Machaon.
5. inscription : "les exploits de Diomède". A gauche, tour et porte de la ville de Troie . Devant la porte Athena court après Diomède, qui, bouclier levé enjambe le corps d'un ennemi à terre (Pandaros?)/ Aphrodite, en péplos flottant, et un homme agenouillé (Enée?)/ scène indistincte, avec un homme agenouillé de face (Enée?)
Panneau central, inscription sur la bordure supérieure : l'Iliade d'Ho[mère] :l'Iliou Persis (le sac de Troie) : les murs et les tours de la ville de Troie entourent des maisons et un temple sur le côté duquel est à peine lisible l'inscription "Aeneas" (Enée). Cette organisation du panneau se retrouve sur les scènes centrales de la tablette inv.57.61D ainsi que sur la Tabula Capitolina, la table iliaque Capitoline, à Rome, la plus grande et la plus complète conservée (28 x 25 cm).

Au revers, une inscription dans un carré magique : “ l’Iliade d’Homère, la “techné” de Theodoros” et au dessus mode d’emploi d’un carré magique ("cherche la lettre centrale et continue dans le sens que tu veux").

Theodoros est généralement considéré comme l'artisan auteur de la tablette, qui aurait signé son oeuvre, ainsi que 4 autres tablettes (Tabula Capitolina, bouclier d'Achille et fragment au Musée du Capitole; tablette de New-York, Metropolitan Museum 24.97.11(https://www.metmuseum.org/art/collection/search/251473). Cependant Agnès Rouveret a émis une autre hypothèse : sur la Tabula Capitolina, l'inscription précise : "Étudie la technique de Théodore, afin qu'ayant appris l'ordre d'Homère tu possèdes la mesure de toute sagesse". La "technique" de Theodoros pourrait être, non pas l'art du sculpteur mais une technique de mémorisation de l’œuvre d'Homère, donnant accès à des savoirs plus secrets.

La tablette a d’abord appartenu à F.Bianchini qui l’a offert en 1749 au musée de Vérone (cf. Maffei, Museum Veronense, 1749, p. 468). Au cours de la guerre franco-italienne, l’objet fut transporté à Paris “entre les pages de bois d’un petit livre” selon Choiseul-Gouffier (Voyage pittoresque, III, p. 190-194, cul de lampe), et fut déposé au Cabinet des Médailles de la bibliothèque.

Le terme 'table iliaque' désigne des bas-reliefs miniatures en marbre fin, illustrant des oeuvres littéraires épiques, et notamment l'Iliade. Des inscriptions désignent les personnages, explicitent les sujets ou les commentent. La plus grande et la plus complète, dite Tabula Capitolina (http://capitolini.info/scu00316/?lang=en), mesure 25 x 28 cm. Vingt deux tablettes, généralement fragmentaires, subsistent (dont 6 à la BnF) toutes datables entre la fin du 1er siècle avant J.C. et le 2e siècle et trouvées à Rome ou ses environs.
L'utilisation de ces résumés de poèmes épiques, destinés à l'élite romaine du début de l'Empire, suscite beaucoup d'interrogations. Ont-elles un but pédagogique, votif ou purement décoratif, ou selon une hypothèse récente d'Agnès Rouveret, pourraient elles fournir une aide mnémotechnique à la mémorisation de ces poèmes complexes?

Précisions sur les marques et inscriptions : 
- inscription principale sur la bordure du panneau central : Ιλιασ Ο [μηρου]
signature de Theodoros
- titres des chants de l’Iliade sur la bordure latérale du panneau
- inscriptions explicatives situées sous les scènes de l’Iliade
- inscription sous le relief illustrant l’Iliou Persis
- inscription métrique du verso
- inscription magique inscrite dans un diagramme carré du verso

Mode d'acquisition : 
Date de l'acte d'acquisition : 
1798
Numéro d'inventaire : 
inv.57.61(A)

Autre(s) numéro(s) : 
Chabouillet.3318

Bibliographie : 

Petrain, David. Homer in Stone. The Tabulae Iliacae in their Roman Context. Cambridge : 2014, p.81, 209-211, n°3C, fig.9 et 10.

Squire, M.. The Iliad in a nutshell. Vizualizing Epic on the Tabulae Iliacae. Oxford University Press, 2011, p.392-393, n°3.

Rouveret, Agnès. Les Tables iliaques et l'art de la mémoire. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1988, 1990. Paris : 1990, pp. 166-176.

Hellmann, Marie-Christine. “Illustrations homériques : les Tables Iliaques” in Revue BN. Paris : Bibliothèque nationale, Septembre, 1983, p.42-44.

Sadurska Anna. Les Tables Iliaques. 1964, p40-43.

Muret, Jean-Baptiste. Monuments antiques dessinés par J.-B. Muret, tome II. entre 1830 et 1866, pl.55.

Montfaucon, B.. L'antiquité expliquée et représentée en figures. Paris : entre 1719 et 1724, supp.IV, pl. 38, 1-2, p. 84.



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