





camée (fragment)
"Les deux Agrippine en Minerve"
1er siècle
romain impérial
sardonyx (brun foncé, taille en camée)
calcédoine (gris et brun foncé, taille en camée)
H. 7 cm, l. 6 cm, E. 1,8 cm
Bustes accolés, de profil à droite, de deux déesses ou personnifications casquées. Celle de l'arrière-plan porte un casque à cimier, et celle de devant, un casque sphérique simple, les cheveux retombant sur les épaules et la poitrine recouverte de l’égide, dont les serpents ont été abrasés. Leur identification est incertaine : la première est désignée par son égide ornée de serpents comme Athéna-Minerve, la deuxième, avec son casque à cimier, et son visage juvénile a été diversement interprétée comme Alexandre le Grand, Virtus (allégorie du courage guerrier, représentée sur les monnaies comme une jeune fille casquée), Roma. Marie Louise Vollenweider y voit une représentation d'Agrippine la mère (14 av. J.-C. - 34 ap. J.-C.) et sa fille Agrippine la Jeune (15-59), épouse de l'empereur Claude et mère de Néron, bien que les visages soient impersonnels. Les dimensions, la qualité de la gravure, le rendu délicat du modelé, l’idéalisation des visages, montrent qu’il s’agit d’une œuvre de prestige, probablement issue d’un atelier de la cour impériale à Rome. Le motif des capita jugata, ou têtes accolées, initié sur les monnaies de Ptolémée II et sa sœur Arsinoé II, est repris par des camées dynastiques dès l'époque hellénistique et au er siècle de l'empire romain. On peut le comparer au camée Gonzague à Saint-Petersbourg (https://www.hermitagemuseum.org/digital-collection/885521)
Ce camée, réutilisé au Moyen-Age, occupait une place centrale sur la châsse gothique, en bronze et argent dorés, de Sainte Elisabeth, canonisée en 1235, dans l'église de Marburg. Le camée occupait une place d'honneur au dessus de la tête de la Vierge. En 1810, Jérôme Bonaparte, alors roi de Westphalie, fit apporter la châsse à Cassel; plusieurs pierres gravées furent prélevées dont ce camée. On ne sait comment il atterrit à Paris dans les mains de Esprit Cousinery, numismate et archéologue, consul à Salonique au début du 19e siècle.
Amedick, Rita. "Die Edelsteine des Elisabethschreines. Fürstlicher Schmuck eines Reliquiars" in Elisabeth und kein Ende. Zum Nachleben der heiligen Elisabeth von Thüringen, ed. Andreas Meyer. 2012, p.110-111 (https://www.academia.edu/42378364/Die_Edelsteine_des_Elisabethschreines_F%C3%BCrstlicher_Schmuck_eines_Reliquiars).
Amedick, Rita. Juwelen für eine Heilige der Armen : Gemmen vom Schrein der hl. Elisabeth in Marburg. 2007, p.24 sq., fig.9, p.83-85, n°1.
Collection : null
Vollenweider, M.-L.., Avisseau-Broustet, Mathilde. Camées et intailles, II, Les portraits romains du Cabinet des Médailles. Paris : Bibliothèque nationale de France, 2003, n°109 p.101.
LIMC VIII. 1997, p.514, Aigis (S), n°27.
Babelon, Ernest. Catalogue des camées antiques et modernes de la Bibliothèque nationale. 1897, n°226 p.102 Pl.XXII.
Chabouillet, Anatole. Catalogue général et raisonné des camées et pierres gravées de la Bibliothèque impériale. Paris : 1858, n°164.
Lenormant, Charles. Trésor de numismatique et de glyptique, 20 vol. entre 1831 et 1850, p.23 Pl.XIV, fig.1.
Marion du Mersan, Théophile. Histoire du Cabinet des Médailles, antiques et pierres gravées. Paris : 1838, n°124 p.115.
Scarisbrick, Diana. The art of gem engraving : from Alexander the Great to Napoleon III. Fukuoka : 2008