camée
"Louis XV"
camée :
Jacques Guay
France (lieu de camée)
1753
monture :
Belle, Josias
17e siècle
sardonyx (à trois couches, taille en camée, camée)
or (technique métal, émaillé, monture)
H. 9,6 cm, l. 8,2 cm
Buste de Louis XV de profil, à droite, la tête ceinte de la couronne de laurier, les cheveux noués sur le cou. La poitrine est couverte de la cuirasse dont les épaulières sont ornées de têtes de lions; le manteau royal est agrafé à l’antique sur l’épaule droite.
Ce camée, commandé à Guay directement par le roi, alors âgé de 43 ans, est gravé dans une sardonyx de dimensions et de qualité exceptionnelles, taillée à l’antique avec une corniche en biseau. Guay exécuta le portrait d’après nature et ce travail, selon La Chau et Leblond, lui prit deux ans. Les cheveux et presque toutes les chairs furent gravées à la pointe de diamant, à main levée, sans l’aide du touret, à cause des dimensions inhabituelles de la pierre. Le poli brillant du champ, des lauriers, de la fibule qui attache le manteau et de l’épaulière de la cuirasse fut obtenu en passant du tripoli avec une plume d’oie à maintes et maintes reprises, procédé inventé par Guay, tandis que les parties mates étaient polies à la poudre de diamant. Ce contraste rehausse le modelé, en fait très plat, et l’effet pictural donné par la savante utilisation des différentes couches colorées de la pierre, rousse pour la chevelure et la cuirasse, bleuté pour le visage et la draperie de la manche, brun-gris pour le fond. Le roi, coiffé et cuirassé selon la mode du temps, porte, tel un empereur romain, la couronne de lauriers et le manteau drapé sur l’épaule. Présenté au Salon de 1755, ce camée y fut très admiré et loué comme « quelque chose d’unique dans le genre, et par le prix de la pierre et par la vérité de la ressemblance et par le travail admirable de l’artiste » (Fréron, Année littéraire, MDCCLV, t. VI, p. 62).
Conservé dans le Cabinet du roi à Versailles, le camée a été transféré en juin 1791 avec la collection des pierres gravées au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque royale.
La monture d’origine, probablement en or, en forme de couronne de feuillage entourée d’un ruban noué au sommet, est reproduite sur la première estampe de Mme de Pompadour. Elle a été remplacée par une bordure des collections de Louis XIV, en or ajouré émaillé, aux couleurs vives, dans le style de celles de Josias Belle. Cet orfèvre fut chargé de sertir, entre 1684 et 1689, une quarantaine de pierres gravées du Cabinet du roi. Des éléments caractéristiques de sa main, comme les motifs légers au revers, les fleurs rondes émaillées d’un rouge profond, le filet bleu passant sont reconnaissables. Au moment de la Révolution française, les montures en or pur furent envoyées à la fonte. Lorsqu’en 1794 l’abbé Barthélemy, garde du Cabinet des Médailles, demanda à ce que les pierres gravées soient remises en état et que celles qui n’étaient pas montées le soient, un camée aussi exceptionnel a pu être jugé digne d’une des plus belles montures de la collection royale.
draperie
inscription
latin
Reproduction : GUAY. F. 1753
Madame de Pompadour et les arts. RMN, 2002, p.265, n°115 (M.Avisseau-Broustet).
Trésors de la Bibliothèque nationale de France, Mémoires et merveilles VIIIe-XVIIIe siècle. Paris : 1996, p.221, n°127 (M.Avisseau-Broustet).
Louis XV un moment de perfection de l’art français. 1974, p.632-633, n°940 (Josèphe Jacquiot).
Babelon, Ernest. Catalogue des camées antiques et modernes de la Bibliothèque nationale. 1897, p.344-345, n°926.
Madame de Pompadour (Poisson né(e)). Suite d'estampes gravées par Madame la marquise de Pompadour d'après les pierres gravées de Guay, graveur du Roy. vers 1775, n° 1
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k856181x/f9.item.