applique, ornement de vêtement
"Dionysos"
entre 4e quart 2e siècle et 1ère moitié 3e siècle
or (repoussé (technique métal), gravé (décor))
D. 6 cm, Poids 36,1 g
Dionysos est vêtu d’une simple pardalide (peau de panthère) tombant sur ses avant-bras. Ses cheveux, couronnés de lierre, sont retenus en chignon à l’arrière de sa tête, tandis que des mèches libres ondulent autour de son front et de sa nuque. Il évolue à grandes enjambées sur un terrain caillouteux, en brandissant un flambeau dans chaque main.
Cette scène évoque les nyktelia, les fêtes nocturnes en l’honneur de Dionysos (Plutarque, M 291a). A côté du culte public lors des Dionysies, il existait un important culte secret, à mystères, où seuls les initiés étaient admis, qui a perduré sous l’empire romain. De nombreux auteurs grecs ont évoqué de telles scènes, comme Aristophane dans les Grenouilles, comédie donnée pour les Lénéennes, fête athénienne de Dionysos, en 405 BC : « Dans ses mains brandissant la flamme des torches, il est venu, Iacchos, ô Iacchos, de la fête nocturne l’astre lumineux ». Dans la tragédie d’Euripide, les Bacchantes, écrite également en 405 BC, Euripide met en scène ce Dionysos efféminé qui va sur la montagne rejoindre ses bacchantes. C’est donc une évocation des fêtes des triétérides, qui tous les deux ans célébraient, au moment du solstice d'hiver, pendant les nuits les plus longues et les plus froides de l’année, la mort de Dionysos, en tant que dieu de la nature et de la végétation, fêtes qui semblent avoir eu pour thème principal le mystère de la mort et de la résurrection du dieu. Les femmes seules y prenaient part, la nuit, à la clarté des torches, au son strident des flûtes, des cris, dans une agitation furieuse et des transes. Euripide insiste sur le mouvement des torches que les ménades doivent agiter sans cesse au cri de « brandis, ramène », mouvement exécuté par Dionysos sur ce médaillon. La ciste sacrée est portée en procession, la ciste où Athéna avait caché le cœur du petit Dionysos Zagreus déchiré par les Titans dans la version orphique du mythe. Après les danses extatiques, les ménades pouvaient aller jusqu’au sparagmos, sacrifice par déchirement et lacération, et jusqu’à la dévoration des chairs crues de la victime. Ces rites orgiaques se célébraient de nuit sur une montagne, à Thèbes sur le Cithéron, à Delphes sur le Parnasse, en Lydie sur le Tmolos.
Cette plaque formait une paire avec une seconde, de même dimensions, ornée d’un compagnon de Dionysos, un Silène ventripotent et âgé. Toutes deux, trouvées en Syrie avec un bracelet polygonal en or gravé des divinités des 7 jours de la semaine, ont été achetées aux marchands parisiens Rollin et Feuardent. Elles sont très proches de deux autres plaques à motifs dionysiaques, un Pan et une Ménade en course, de mêmes dimensions et style, trouvées également en Syrie, décrites dans le catalogue de la collection De Clercq, formée en Syrie entre 1859 et 1893 (t.VII,1 n°1389) mais non localisées aujourd’hui. Une seule est illustrée dans le catalogue De Clercq : une ménade joue de la double flûte, courant sur des rochers devant une ciste mystique d'où sort un serpent https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9271288/f457.item)
LIMC III. 1986, p.518, Dionysos (in per. or.), n°33 et p.544, Dionysos/Bacchus, n°31*.
Becatti, Giovanni. "Rilievo con la nascita di Dioniso e aspetti mistici di ostia pagana" in Bolletino d'Arte, 36, p.1-14. 1951, p.9, fig.10.
De Witte, Jean-Joseph, baron, Lenormant, François. Gazette Archéologique. 1877, 1875 p.5-13, pl. 2.