"Médaillier du prince de Condé"
Atelier d’André-Charles Boulle
France, Ile-de-France, Paris (lieu de création)
1715
bois (marqueterie)
écaille
cuivre
bronze (doré (technique métal))
H. 16 cm, L. 24 cm, P. 20 cm
l. 15,9 cm, L. 20,8 cm, E. 1,3 cm (tiroir)
Le coffret est marqueté d’arabesques de cuivre, appliquées sur un fond d’écaille; un mascaron de bronze, ciselé et doré, orne l’entrée de serrure et chacun des côtés. Une poignée, également en bronze doré, est fixée au-dessus. L’intérieur est garni de sept tiroirs tapissés de velours bleu, à douze compartiments délimités par une bordure en bronze doré à motifs de grecque, de fleurs de lis; le dernier tiroir, à cinq compartiments, est orné d'amours en bronze doré encadrant l'emplacement réservé à la médaille de Louis XIV (n° 65).
Inventé sans doute à la fin du XVIe siècle, le procédé de tarsia incastra appelé ensuite “technique Boulle”, consiste à superposer et à découper en même temps le fond d’écaille de tortue et les motifs de cuivre. On sépare alors les deux feuilles, et le décor de chacune d’elles est inséré dans le fond de l’autre formant ainsi une marqueterie très raffinée.
Ce médaillier portatif faisait partie d’une série de huit vraisemblablement commandée à André-Charles Boulle (1642-1732), premier ébéniste du Roi, par Nicolas Delaunay, orfèvre du Roi et Directeur de la Monnaie, comprenant quatre coffrets en marqueterie Boulle et quatre en placage d'amarante. Ils sont mentionnés dans l’inventaire de 1715 du mobilier que André-Charles Boulle laissait à ses quatre fils et ont probablement été terminés par l’un de ses fils. Ces petits médailliers, destinés à la Cour, devaient renfermer la série, entreprise par Delaunay vers 1713, des 65 Médailles des Rois de France, depuis Pharamond en 417 jusqu’à Louis XIV. Une partie fut gravée par Thomas Bernard et la suite complète achevée en 1716.
Les coffrets en marqueterie devaient recevoir les séries en or et en argent, tandis que ceux en amarante contenaient des séries en bronze.
Plusieurs médailliers en amarante de mêmes dimensions sont connus, témoignant du succès du modèle. Deux, à la Monnaie de Paris, ont été acquis à la vente Givenchy en 1993 (cf. Christie’s International Magazine, oct./nov. 1993), dont l’un issu des collections du Marquis de Marigny (vente 1782) cf. A. Pradère, Estampille, juin 1986. Deux autres, passés dans les collections des marquis de Lagoy, puis Gutzwiller, puis Lagerfeld, ont été vendus chez Christie's, Monaco, 29 avril 2000, lot 329. Deux autres ont été donnés dans les années 1970 au Museu Nacional de Arte Antiga de Lisbonne, l'un avec sept tiroirs identiques à ceux du cabinet des médailles, tapissés de velours bleu, à douze compartiments délimités par une bordure en bronze doré à motifs de grecque, de fleurs de lis, l'autre aux tiroirs gainés de velours vert
Provenance : Les deux médailliers sont cités dans l"État des objets enlevés au dépôt de la maison de Nêle pour le Muséum des antiques de la Bibliothèque nationale, le 17 fructidor an V de la République française"(3 septembre 1797) : "quatre petits médaillers destinés autrefois à renfermer la suite des Rois de France, présenttement vides; Deux en placage de boule et deux en maroquin rouge. Condé". Ils étaient accompagnés d'un "médaillier de lacque", toujours conservé à la BnF (Condé.3 https://medaillesetantiques.bnf.fr/ark:/12148/c33gbq4gq) et de diverses armes et pièces d'armures (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10466040b/f2.item), déposées en 1861 au Musée de l'artillerie, actuel Musée de l'Armée.
L'inventaire du prince de Condé en 1740 liste deux médailliers, l'un avec la série des rois en or, l'autre en argent
Ronfort, Jean Nérée. André Charles Boulle (1642-1732), Un nouveau style pour l'Europe. Francfort-sur-le-Main : 2009, p.226-227.
Trésors de la Bibliothèque nationale de France, Mémoires et merveilles VIIIe-XVIIIe siècle. Paris : 1996, p.185, n°100 (I. Aghion).
1789. Le patrimoine libéré [cat.exp.]. Bibliothèque nationale de France, 1989, p.252-253.
Samoyault, P.. André-Charles Boulle et sa famille. Genève : 1979, p. 15-16, p. 66, p. 81-82.
5 ACM 42 (ex 5 ACM 71) État des objets provenant du dépôt Nesle, et désignés pour être transférés au Muséum des antiques de la Bibliothèque nationale, ce cinq thermidor an cinquième
5 ACM 21 (ex 5 ACM 73) État des objets enlevés au dépôt de la maison de Nêle pour le Muséum des antiques de la Bibliothèque nationale. Le 17 fructidor an cinq de la République française
