camée
"Camée de Chartres"
camée :
Italie, Latium, Rome (lieu de camée)
entre 41 et 45
monture :
14e siècle
romain impérial
sardonyx (brune, azurée et roussâtre, à trois couches, taille en camée, camée)
or (émaillé, monture)
H. 15,2 cm, l. 8,4 cm (avec monture)
H. 9,3 cm, l. 6,4 cm (camée)
camée :
Jupiter, debout de face, la tête à gauche, à demi-drapé, tient le sceptre d’une main, le foudre de l’autre, l'aigle à ses pieds. Il porte la couronne de chêne des empereurs, signe du pouvoir civique.
Marie-Louise Vollenweider a vu dans le camée un portrait de Tibère en Jupiter qu'elle a attribué à Hyllos, fils du graveur d'Auguste Dioscouride. On peut cependant le rapprocher de camées de l'époque de Claude, ainsi que de portraits de cet empereur sous les traits de Jupiter, comme le camée de la collection Marlborough, aujourd'hui à l'Institute of Fine Arts à Chicago (inv.1991.375). Sa posture reprend également celle de portraits sculptés de Claude (statue du Metroon d'Olympie, signée de deux sculpteurs attiques, Philathenaios et Hegias, au Musée d'Olympie, L.125). Claude a porté la couronne de chêne jusque dans les années 46-47, selon le témoignage des monnaies.
La bordure en haut relief, tricolore, qui l’entoure, se retrouve sur plusieurs camées du 2e quart du 1er siècle.
monture :
La monture est émaillée de rouge et de noir et porte une inscription à l’avers et au revers. Au droit, l'inscription en lettres d’or se détache sur le fond émaillé, alternativement noir et rouge; elle comprend un verset de l’Évangile de Saint Luc (IV, 30) et un de l’Évangile de Saint Jean (XVIII, 8). Ces deux versets sont parfois associés sur des amulettes magiques, car on leur attribuait une valeur prophylactique : ils étaient censés préserver leur porteur de tout danger comme le Christ au milieu de ses ennemis. Au revers, le début de l’Évangile de Saint Jean est inscrit sur deux lignes d’or émaillé, texte également à valeur prophylactique, peut-être ajouté car Jupiter était alors identifié comme un Saint Jean Évangéliste. Des fleurs de lys et des dauphins ont été adaptés plus tard au pourtour de la monture, remplaçant les perles et les pierres précieuses qui l'ornait. En dessous, un écu émaillé de fleurs de lys, surmonté d’un bandeau qui porte une inscription.
Cette monture est le témoignage de l'histoire du camée, offert en 1367 par Charles V, lors d'un pèlerinage à la cathédrale de Chartres, pour orner la châsse de la sainte chemise de la Vierge. L'inventaire du trésor de Chartres de 1540 le décrit ainsi : "une agathe en ovale garnye tout autour d'or et de grosses perles, embellie de la figure du Dieu tenant de la main droite le foudre et de la gauche une lance et un oyseau à ses pieds, sont gravés ces mots : 'Jesus, Maria, Adam, Eva et au dessous, Charles, Roy de France, fils du Roy Jehan, donna ce joyau en 1367, le quart an de son règne'. Les armes de France à fleurs de lys sans nombre."
L'inventaire de 1682 reprend les mêmes termes sauf dans la description :"un Jupiter ayant à ses pieds un aigle; Le cadre qui est ovale, comme l'agate, est d'or enrichi de grosses perles et de pierreries; au bas il y a un écusson couronné aux armes de France..."
Lors de la Révolution française, la châsse fut détruite et le camée prélevé, le 17 septembre 1793, pour le Cabinet des médailles. Les perles et rubis de la monture furent arrachés et remplacés par des fleurs de lys et des dauphins en vermeil, retirés du Bâton cantoral de la Sainte Chapelle (http://medaillesetantiques.bnf.fr/ark:/12148/c33gbcsq5).
Traduction : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.
Evangile de Saint Jean, I
monture, face
Traduction : Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin
Evangile de Saint Luc, IV, 3
monture, face
Traduction : Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir.
Evangile de Saint Jean, XVIII, 8
monture
inscription
latin / Français
Reproduction : Charles Roy de France, fils du roi Jehan donna ce jouyau l’an MCCCLXVII, le quart an de son règne.
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La librairie de Charles V