mosaïque (fragment)
“mosaïque des colombes”
entre 125 et 133
époque romaine
H. 22,5 cm, L. 32,5 cm
Ce fragment de frise en fines tesselles, ainsi qu’au moins cinq autres dispersés dans différents musées, proviennent d’une mosaïque découverte en 1737 dans la Villa Hadriana à Tivoli, près de Rome. Ce sont les seuls restes de l’encadrement extérieur de la célèbre mosaïque aux colombes s’abreuvant dans une coupe d’or, aujourd’hui au Musée du Capitole (https://www.museicapitolini.org/fr/opera/mosaico-delle-colombe). L’emblema aux colombes, encadré d’une frise de perles et pirouettes, était entouré, dans une disposition dont nous n’avons pas trace, d’une deuxième bordure, jugée moins importante et qui a été rapidement vendue par les fouilleurs et disséminée.
Cette large bordure se composait de deux lignes étroites, reprenant le motif de perles et pirouette de la mosaïque centrale, qui entouraient une large bande à palmettes et fleurons végétaux, sur fond noir. Réalisée en très fines tesselles de pâte de verre d’environ deux millimètres de côté, la mosaïque présente une riche gamme chromatique : outre le noir et le blanc, différents rouges, du rose au brique en passant par le corail vif, des jaunes, des bleus et des verts sont déclinés dans des dégradés qui donnent du volume.
La datation de la mosaïque aux colombes reste toujours controversée. Le commanditaire des fouilles de la villa, Mgr Furietti, faisait dès 1752, dans son ouvrage De Musivis, vel pictoriae mosicae artis originis, le rapprochement avec la description par Pline l’Ancien (HN XXXVI, 184) d’une œuvre de Sosos de Pergame, la « salle non balayée », où se voyaient en trompe l’œil les restes d’un festin sur le sol et des colombes s’abreuvant à une coupe. La technique de la mosaïque, réalisée sur une plaque de marbre, aux tesselles imbriquées les unes dans les autres fait pencher pour un original d’époque hellénistique recueilli par le grand collectionneur qu’était Hadrien. Par contre la bordure extérieure, aux tesselles assez irrégulières posées sur un mortier, aux fleurs exotiques à grands pétales et pistil turgescent de couleurs vives, doit être de l’époque de la construction de cette zone de la villa d’Hadrien, entre 125 et 133.
La localisation exacte de l’emplacement est toujours discutée : selon Mgr Furietti, la mosaïque se trouvait dans une des salles de l’Académie. D’après le graveur Piranèse, qui suivait avec attention les fouilles, elle était dans un édifice à rotonde appelé Temple d’Apollon, ce que confirme le comte de Caylus dans le Recueil d’Antiquités où il publie, en 1752, ce fragment de mosaïque, que lui a rapporté de Rome le chevalier de Massanne.
Lapatin, Kenneth. The Berthouville Silver Treasure and Roman Luxury [cat.exp.]. Los-Angeles : 2014, p.153, fig.95.
Aghion, Irène. Caylus, mécène du roi. Collectionner les antiquités au XVIIIè siècle. [cat.exp.]. Paris : 2002, p.148, n°71.
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Caylus, A.C de Tubières, comte de. Recueil d’ Antiquités égyptiennes, étrusques, grecques et romaines. Paris : Desaint et Saillant, entre 1752 et 1767, I, p.291, pl.CVI.
Ancient Luxury and the Roman Silver Treasure from Berthouville (J.P. Getty Museum, Los-Angeles - 18/11/2014 - 17/08/2015)
Le luxe dans l'Antiquité - Trésors de la Bibliothèque nationale de France (Musée départemental Arles antique - 01/07/2017 - 21/01/2018)