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Désignation générale : 

Trône de Dagobert

"Trône dit de Dagobert"

Création / Exécution : 

fin 8e -début 9e siècle (siège) - 2e moitié 9e (dossier et accoudoirs)? ou fin 8e -début 9e siècle pour l'ensemble?

Epoque/Style/Mouvement : 

carolingien (?)

Matières et techniques : 

bronze (fonte, gravure, dorure à la feuille (doré), trace)

Mesures : 

H. 104 cm, L. 82 cm

Poids 180 kg (avec socle)

Description : 

Le trône de bronze est constitué par deux parties distinctes: un siège en X, complété par un dossier et des accoudoirs. Le siège, à l’origine pliant, était complété par des bandes de cuir qui formaient l’assise. Les accoudoirs et le dossier étaient démontables, faisant de ce siège un trône de campagne, aisément transportable.

DESCRIPTION : Le siège a des montants de bronze en forme de protomés de panthères montés sur une patte aux doigts griffus; les panthères aux oreilles pointues, à la gueule ouverte découvrant leurs crocs, ont dû avoir les pupilles des yeux incrustées; leur pelage est suggéré par des mèches gravées dans lesquelles subsistent des traces de dorure. Les quatre pieds du trône sont réunis par des traverses horizontales cannelées; une cinquième traverse horizontale réunit les deux axes des croisillons qui faisaient de ce siège un pliant. Ces croisillons, dont les éléments supérieurs sont ornés d’une palmette, sont aujourd’hui bloqués par des rivets mais ils coulissaient, à l’origine, dans les gouttières ménagées à l’arrière des jambes du siège. Des bossettes en forme de marguerites ou de rosettes à douze pétales soulignent les points de contact avec les cinq barres transversales horizontales. Les accoudoirs sont formés de deux parties superposées, maintenues ensemble par un système de tringles et de charnières: sous la partie inférieure, une mince bande plus étroite est animée d’un rinceau simple; la partie inférieure des accoudoirs, ajourée, est formée d’une succession de rosettes; la partie supérieure également ajourée, comporte un large enroulement de rinceaux dont les feuillages rehaussent les accoudoirs vers le dossier. Ce dernier était autrefois formé de rinceaux dont les tiges sont encore discernables et au milieu desquelles s’ouvrent trois cercles. Celui du centre, le plus grand, était occupé par une croix ou un décor de croix, dont les points d’attache sont encore visibles. Les tringles qui assemblent accoudoirs et dossier sont surmontées par deux têtes d’hommes aux cheveux courts, en ronde bosse, sur lesquelles demeurent des traces de dorure; devant , une pomme côtelée et à gauche une simple boule (restauration) leur font pendant.

HISTORIQUE : La première mention est due à Suger, abbé de Saint Denis de 1122 à 1151, qui dit avoir fait refaire le trône du glorieux roi Dagobert, qu’il avait trouvé vétuste et disloqué. C'est pourquoi le trône a été attribué à Saint Eloi (vers 588-659), orfèvre réputé, monnayeur, trésorier du roi Dagobert Ier. La vie de Saint Eloi, écrite par l'évêque saint Ouen, contemporain et ami d'Eloi, indique que le père de Dagobert, Clotaire II, avait commandé à Saint Eloi un siège royal en or. Eloi aurait fabriqué avec l'or remis deux trônes au lieu d'un. Charles Lenormant émet l'hypothèse que le 2e trône aurait été en bronze doré et serait celui du trésor de Saint-Denis.
Une seconde restauration, due à un orfèvre, est mentionnée à la fin du XIIIe siècle. Au début du XIXe siècle, le pliant a été figé dans une mauvaise position, par une grossière réparation, ce qui le fait paraître aujourd’hui plus étroit que le dossier, ce qu’il n’est pas. Il n'est du coup pas certain que les accoudoirs et le dossier soient plus tardifs que le pliant.
Selon Suger, « les rois de France avaient coutume de s’asseoir [sur ce siège], après avoir pris en main le pouvoir, pour recevoir pour la première fois l’hommage des grands de leur royaume », c’est pourquoi il était conservé précieusement à Saint-Denis, abbaye et nécropole royale, dépositaire des instruments et des vêtements du sacre des rois de France.
En 1625 (Don Doublet) le trône est utilisé par le prêtre pour célébrer la messe, tandis qu'en 1706 (Félibien) il était placé dans la salle du trésor.
Lors de la Révolution française, le trône est transporté au Cabinet des Médailles le 30 septembre 1791 avec une partie du trésor de Saint Denis, et exposé dans le Salon Louis XV. En 1804, Napoléon Ier le fait apporter au camp de Boulogne afin d'y siéger lors de la remise des premiers insignes de la Légion d'honneur à l'armée. La légende dit que c'est en cette occasion que le pliant a été cassé et réparé en toute hâte avec des soudures grossières et des rivets. Le 30 septembre 1841, le trône est restitué à la Basilique de Saint-Denis, puis rendu à la Bibliothèque nationale le 10 août 1848; repart au Musée des Souverains en 1852, où il reste jusqu'en 1872, année de sa restitution à la Bibliothèque nationale.

DATATION : La datation des différentes parties a fait l’objet de multiples controverses depuis le début du XVIIIe siècle. Le siège a été tenu pour mérovingien, puis antique, puis pour une imitation carolingienne d’un modèle antique, puis de nouveau pour une œuvre mérovingienne, les accoudoirs et le dossier étant un rajout postérieur, daté tout d’abord de l’abbatiat de Suger, puis d’époque carolingienne.
Seul trône de bronze subsistant, il est difficile de le dater. La datation à l'époque carolingienne semble la plus vraisemblable, avec une possible contemporanéité de l’assise, des accoudoirs et du dossier. On retrouve des trônes comparables, à protomés de fauves, aux têtes disposées de profil, sur des enluminures carolingiennes, ainsi sur le Psautier de Lothaire 1er, vers 840-855 (British Library, Add MS 37768, fol.4r (https://blogs.bl.uk/digitisedmanuscripts/2013/11/an-imperial-psalter.html). Les rinceaux des accoudoirs sont très semblables aux motifs des balustrades de bronze de la chapelle palatine d’Aix la Chapelle, inaugurée par Charlemagne en 805.

Mode d'acquisition : 
Donateur(s), testateur(s) ou vendeur(s) : 
Date de l'acte d'acquisition : 
30/09/1791
Ancienne(s) appartenance(s) : 
Numéro d'inventaire : 
Inv.55.651

Bibliographie : 

Isabelle Bardiès-Fronty., Villela-Petit, Inès., Denoël, Charlotte. Les temps mérovingiens : trois siècles d'art et de culture (451-751). Paris : RMN, 2016, p.60-61, n°4 (M. Avisseau-Broustet).

Trésors de la Bibliothèque nationale de France, Mémoires et merveilles VIIIe-XVIIIe siècle. Paris : 1996, p.25, p.52, n°4 (M. Avisseau-Broustet).

Vallet, Françoise. Les mérovingiens: de Clovis à Dagobert. Paris : Gallimard, 1995, p.49.

Le trésor de Saint-Denis [cat.exp.]. Paris : RMN, 1991, p.63-68, n°5 (D. Gaborit-Chopin).

1789. Le patrimoine libéré [cat.exp.]. Bibliothèque nationale de France, 1989, p.137-138, n°79 (I. Aghion).

La Neustrie : les pays au nord de la Loire de Dagobert à Charles le Chauve : VIIe-IXe siècles (catalogue d'exposition Rouen). Rouen : 1985, p.47 et 289 (P. Périn).

Montesquiou-Fezensac, Blaise de., Gaborit-Chopin. Le Trésor de Saint-Denis. Paris : Picard, 1977, II, p.472-474, n° 362, III, p. 116-118, pl. CI, CII..

Hubert, Jean.. “Le fauteuil du roi Dagobert.”. 1935, Démaréteion, I, p.17-27 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k42232770/f29.item).

Marion du Mersan, Théophile. Histoire du Cabinet des Médailles, antiques et pierres gravées. Paris : 1838, p.3.

Félibien, Michel. Histoire de l'abbaye royale de Saint-Denys en France. Paris : 1706, p.545 "au dessus de ce cabinet (dans la salle du trésor) est une chaise de cuivre doré, qu'on croit avoir servi de trône à quelqu'un des rois de la première race et peut-être à Dagobert même, comme l'a cru l'abbé Suger qui la fit redorer de son temps.".

Doublet, Jacques. Histoire de l'abbaye de S. Denys en France. Paris : 1625, p.173 ("la chaise en laquelle les rois de France s'asseyaient lorsqu'ils venaient à la couronne et qu'ils se faisaient rendre la foi et l'hommage par les princes et seigneurs; cette chaise sert à asseoir le prêtre qui célèbre la grande messe au maître-autel").



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